Revenir au réel

(Peintures de Joel Rea)

Amis idéalistes, examinons nos réactions aux désastres annoncés.
Pour nous y opposer, nous écrivons sur le permis et l’interdit, sur les principes à adopter, les règles à mettre en place, les idées à répandre.

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Ne voyez-vous pas qu’il est vain de se dresser, vaillant huissier, à la porte de l’ouragan pour lui lire ses droits avant saisie ?

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L’ambition de Léonard de Vinci

Cette ambition me touche, et l’exposition que le Louvre vient de consacrer ( du 24 Octobre 2019 au 24 Février 2020) à Léonard de Vinci me l’a fait mieux comprendre.

Cette ambition, quelle est-elle ?

Entre 1452 et 1519 (les dates de Léonard), nous sommes aux derniers temps de la compétition entre sculpture et peinture : de ces deux arts, lequel se tient au plus près de la vie, donc des secret de l’univers ? et, des sculpteurs et des peintres, lesquels approchent au plus près du Divin ?
En admettant qu’ils atteignent à l’illusion parfaite, peut-on sans sacrilège aventurer l’analogie avec le Créateur et voir en eux, à leur manière, des « créateurs » par l’effet de Sa Grâce ?

Toucher au divin, c’était explicitement l’ambition d’Andrea del Verrochio quand il modela son « Incrédulité de saint Thomas »…

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Qui touche ici au divin ? Et qui en doute ?
Le saint ou l’artiste ?
Et s’ils ne faisaient qu’un ?
Le saint et l’artiste, l’œuvre et le divin ?

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Le doigt qui s’apprête à toucher (pensons à saint Thomas) comme la flèche à percer (pensons à saint Sébastien, autre motif favori de ce temps), la main du sculpteur qui façonne la figure du Maître et le chef-d’œuvre qui transfigure l’artiste en Maître, et la statue que son regard anime comme le Dieu, du Verbe, donne vie et crée…

Que prière et geste, quête et don, œuvre et création s’unissent pour que la lumière soit et que Dieu à nouveau la sépare des ténèbres !

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Mais ce miracle espéré, quand on le mime dans un bronze, qu’est-ce autre que forgerie ?

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Dans toute sculpture pourvu qu’on l’examine, à jamais grossière jusqu’au comble de l’art, perce la tentation d’idolâtrie.

L’idole, si belle qu’elle soit, même le nez brisé…

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Female head of the Aphrodite of Cnidus type, Roman imperial era. Provenance: unknown

si désirable, même mutilée…

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cette admirable Aphrodite de Cnide était peinte dans le temple où on l’honorait. Pour ceux qui la priaient, elle vivait.
Elle n’est plus que marbre blanc aujourd’hui, pièce de musée, motif d’étude analogue aux drapés de toiles trempées d’argile sur lesquels s’exerçaient Verrochio, le Maître, avec ses élèves du temps que la peinture prenait élan sur la sculpture en vue de la dépasser.
On le voit dans cette draperie qui fut travaillée dans l’atelier où Verrochio œuvrait à son « Incrédulité de saint Thomas ».

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Draperie Médicis 433, par Verrochio ou Vinci

À qui fidèlement les copiait, ces motifs révélaient le secret du monde, la vérité du commencement : celle de l’ombre et de la lumière que Dieu sépare au premier jour.
Vérité du commencement, vérité donc aussi des apprentis, celle qui leur enseigne à former des figures et d’abord des figures de piété comme cette draperie d’agenouillé…

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Draperie Richardson, par Verrochio ou Vinci

On en fait des tableaux de dévotion, toujours en forte demande dans l’Italie du XVe siècle, comme cette Annonciation conventionnelle du jeune Léonard de Vinci vers 1473-1475(il a entre 21 et 24 ans).
En voici d’abord le dessin tel que la réflectographie infrarouge nous le découvre, précis, très appliqué, une œuvre d’élève très doué…

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et le voici dans les couleurs de l’œuvre restaurée, telle qu’aujourd’hui et telle qu’hier croyons-nous, toutes en joliesses d’illustration précieuse, une œuvre de commande…

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On l’admire et on l’imite, elle plaît à tous car, superbement exécutée, elle ne prend aucun risque. C’est d’emblée une œuvre du passé.
Le travail du moment se fait ailleurs, dans l’atelier du sculpteur d’où la peinture, peu à peu, se dégage. Dans ce Baptême du Christ de Verrochio et Vinci, les corps creusés par le premier prévalent sur les visages d’ange modelés par le second, tels que nous les révèle cette réflectographie infrarouge.

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Convulsive est cette renaissance italienne comme l’était le tohu-bohu des commencements. Nous croyons voir dans ces travaux les débuts d’une modernité de progrès annonciatrice d’un monde heureux, le nôtre pour ce qui nous laisse de temps pour ces loisirs de haute culture dans des musées silencieux.

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celui des gens de loisirs que, pendant la visite, nous sommes.

De la France au Sahel et des prétendues forces du bien

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Après sept ans de guerre, l’échec est évident sur tous les plans.
On pouvait le prévoir dès le départ mais, quand la France (l’Assemblée nationale, les élus, nous tous), s’est découverte en guerre, c’était trop tard.
Ce 11 février 2013, notre président l’avait décidé en toute illégalité.
Sur un appel au secours du président malien par intérim, Dioncounda Traoré, François Hollande tranche « en quelques minutes » comme il l’avoue dans ses « Leçons du pouvoir » (Stok 2018, 415 p.) : « Seule une intervention de la France peut arrêter » la colonne djihadiste qui fonce vers Bamako.
Les frappes aériennes ne suffiront pas, il faut des troupes au sol.
Il appelle cela « intervention ». C’est une guerre.

Pour quelles raisons la décide-t-il ?

François Hollande se dit avoir été « bouleversé » par le SOS qu’on lui adresse au nom d’un peuple martyrisé ». Mais la sensiblerie, ce n’est pas ce qu’on demande à un président, ni qu’à ses yeux sous un prétexte humanitaire « la raison d’État pèse peu face à la détresse ».

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