Lettre ouverte à Macron

Le petit ne doit pas rivaliser avec les grands,

le mieux pour le président est d’avouer que la France est petite,

et que, modeste, elle renonce à faire quoi que ce soit dans la crise ukrainienne,

d’où sa neutralité en même temps que son ouverture,

car elle parle à tous et ne veut rien pour elle,

ce qui lui est d’autant plus aisé que, pour sa sécurité,

elle compte bien davantage sur son pouvoir d’attraction

que sur les efforts qu’elle pourrait faire pour contraindre qui que ce soit,

particulièrement les plus grands et les plus enragés.

Elle sait qu’ainsi, en se tenant à l’écart, elle adopte une voie de sagesse,

attrayante pour son peuple :

en investissant sur elle-même plutôt qu’en dépensant à perte pour des armes qui ne lui servent à rien,

elle contribue au bonheur de la population et à l’efficacité de la nation

en même temps qu’à la qualité de ses infrastructures et aux capacités d’accueil de son territoire,

tout en rendant les Français eux-mêmes plus modestes, plus utiles et paisibles, plus attrayants sans la réputation de morgue capricieuse qu’ils se sont faite par le passé.

As a pacifist surrounded by bloodthirsty sheep

As a pacifist surrounded by bloodthirsty sheep, I am perceived as a black sheep: a traitor to the perpetual crusade against eternal evil.

class=

Traitor, indeed, I am…

I state that, politically, we are no more enlightened than were the medieval physicians. The remedies we use are ineffective, and when we obtain results, it is because they aggravate the disease.

We should stop there, but since we observe a change, we persist: we have to maintain the doctrine, one bloodletting is not enough, we have to do more.
This stops with the death of the patient, of course unwanted by the doctors . The cause therefore comes from elsewhere, no doubt from the faults of the deceased, sanctioned by the judgement of God.

Is this caricature of our political systems relevant?

I think so.
It leads me to question the tools (institutions and ideas) we have at our disposal.
We have already experienced similar situations of great uncertainty.

Continuer la lecture de « As a pacifist surrounded by bloodthirsty sheep »

Beyond warmongering dichotomies

The attached article The Enemy Paradox by Scott Remer summarises the perverse effects of the dichotomy between friends and enemies .
It has the great quality of listing and clearly stating the reasons why, globally, we are at an impasse.
Unfortunately the author stops at the door of the only solution he envisages: the establishment of a world government.

class=

However, it is impractical, for two reasons…

Continuer la lecture de « Beyond warmongering dichotomies »

Suivre le sens au-delà des mots

class=

Les désordres interrogent : comment les surmonter ?
C’est d’aujourd’hui, c’est de toujours…

___

En Chine, à la fin de l’âge axial (V° – III° siècles av. E.C.), les philosophes des Royaumes Combattants se posaient la même question :
comment s’y prendre pour ordonner le monde ?
Chacun chercha dans ce qu’il connaissait.

___

Pour Confucius, la solution se trouvait dans le comportement des hommes de bien : vivant ensemble, leur « ren » les conduit au bien commun par le souci qu’ils ont les uns et les autres.
On admira l’argument, tout en observant qu’il avait peu d’effet sur les gens du commun.

Mozi (maître Mo) venait, lui, d’un milieu plus modeste.
Il porta donc ses espoirs sur l’homme « capable », celui qui se conforme rationnellement ce qui est utile à l’intérêt général.
Il allait de soi qu’on sanctionnerait rigoureusement les déviants, mais l’idée était difficilement applicable aux grands dignitaires !

Les Légistes indiquaient pour leur part une troisième voie, celle d’un État fort, assez organisé pour promulguer des lois égales pour tous.
L’unité qui en résulte pour l’Empire lui permet de prévaloir sur les risques de rébellion et de guerre.

Les Taoïstes désavouaient la naïveté philosophique de tels raisonnements.
Ceux qui les tenaient (ou les tiennent encore aujourd’hui) ont en commun de croire savoir :
– qui ils sont,
– ce que sont les choses que leurs mots distinguent,
– et la voie suivie par le Tao dont tout dépend.

À ceux qui s’accrochent à l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes, Tchouang-tseu propose de méditer sur son « rêve du papillon » …

class=

Est-ce Tchouang-tseu qui se rêve en papillon,
ou le papillon qui se rêve en Tchouang-tseu ?

___

Quant à ceux qui croient que les mots disent la vérité des choses, il leur propose la méditation suivante…

La nasse sert à prendre le poisson ;

quand le poisson est pris, oubliez la nasse.

Le piège sert à capturer le lièvre ;

quand le lièvre est pris, oubliez le piège.

Les mots servent à capter le sens ;

quand le sens est saisi, oubliez les mots.


J’aimerais parler avec une personne

apte à suivre le sens au-delà des mots !

___

S’oublier ensemble, comme les poissons dans l’eau, dans le laisser-faire de ceux qui suivent la ligne de moindre résistance.

Trahir la paix ?

La France de Macron est aujourd’hui entraînée vers la guerre par l’Europe et l’OTAN. Avant de faire un pas de plus, regardons en arrière, vers une autre France qui, en 1790, voulait échapper à une nouvelle « guerre des rois ».

class=

À la suite d’un incident maritime du côté de Vancouver, entre la Grande-Bretagne et l’Espagne, en un temps où la France avait encore des intérêts en Amérique du Nord, Louis XVI se jugeait tenu par le pacte des Bourbons de France et d’Espagne.

class=

Par solidarité avec l’Espagne, il voulut préventivement renforcer sa marine.
Montmorin, son ministre, demanda donc à l’Assemblée constituante de voter un « secours », mais l’Assemblée posa une question préalable : « La nation doit-elle déléguer au roi l’exercice du droit de la paix et de la guerre ? ».

Par vote, elle répondit que la décision lui appartenait « sur proposition du roi » et, pour étayer ce refus d’une « guerre des rois », elle assortit la Constitution d’un alinéa mémorable :
« La Nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple. »

Continuer la lecture de « Trahir la paix ? »

For the climate, let time be our ally

For quite a while, I neglected climate issues. They remained in the background of my concerns. So I was only sympathetically curious about Vandana Shiva. The wave of criticism poured on her following the battles she led easily dissuaded me from examining further the positions she took.

I was wrong…

Only now have I read the report Gates Ag One: The Recolonisation Of Agriculture (February 2020) which she authored at Navdanya International.

I was dazzled by her argument against Gates Ag One ( The Bill & Melinda Gates Agricultural Innovations LLC ), the agricultural arm of the Gates Foundation.

It is very clear, well researched, well thought out and politically significant.

Political ecology is at the heart of the changes that need to be made in our ways of thinking and acting. For those who are still wondering, I urge you to read this important manifesto .

Here are some key ideas…

Continuer la lecture de « For the climate, let time be our ally »

Disciples des vérités révélées par l’image

Le bel article de Michel Lussault ci-après (voir au bas de cette page) me rappelle, qu’avec toute ma génération, je suis le disciple des vérités révélées par l’image et, dans ma pensée, particulièrement de celles qui furent révélées par l’exploration spatiale.

Je me souviens encore du choc donné par les premiers « selfies » de l’humanité, ceux que la NASA nous a donné aux environs de 1968.

J’avais 22 ans…

De jour, j’allais dans les rues et j’étais (on me le disait depuis l’enfance) dans la Lune .
Le soir jusqu’à fort avant dans la nuit (c’était un temps où Dutronc chantait Il est cinq heures, Paris s’éveille ), quand la ville dormait, je digérais mes émotions en composant des collages comme ceux-ci…

J’ai du premier (ci-après) une mémoire vive…

class=
Pierre Nicolas. Collage réalisé en 1968 (reconstitution)

Je revins deux ans plus tard sur le même étonnement lunaire (quel jeu avais-je tiré ?) pour y mettre en panoptique mon témoignage sur l’époque et mes préoccupations du moment…

Continuer la lecture de « Disciples des vérités révélées par l’image »

The world energy war in Ukraine

At war, on the ground…

… in the distance, you can guess who you are aiming at and, up close, you see your co-defenders, but to tell the truth, winning or losing? You can’t say from the ground.
By satellite during the day, you just see grey and smoke, but at night, black and fire appear within the shining frantic permutations of a long snake of fire.

class=

When you talk about good guys and bad guys, you are just keeping score. It does not help, and deducing trajectories from local points is pure nonsense. There are no more good maps, but then…

In Ukraine, who is fighting whom and why?

Continuer la lecture de « The world energy war in Ukraine »

La dette, trace dénaturée des réciprocités intimes

Depuis l’Antiquité, nous devrions savoir que la notion de « dette », comme tant d’autres, est caduque dès qu’on l’étend au-delà de l’instant et du proche. Pourtant, la tentation est grande de la projeter au-delà des réciprocités immédiates dont elle est une composante essentielle.
Pauvres et personnes éduquées sont bien conscients des perversités d’une telle extension, mais ils résistent « naïvement » à l’idée d’en nier le principe : il faut payer ses dettes.

Pourquoi ce principe est-il « naïf » ?

Parce que nous anticipons l’inconnu en y projetant du connu et que, pour décrypter les ignorances qui nous inquiètent, nous bricolons des hypothèses à partir de l’expérience acquise.
On ne saurait faire autrement mais voici le problème : si elles échouent, nous faisons de notre mieux pour les maintenir au prix de corrections qui en préservent l’essentiel.

Cet « essentiel », quel est-il ?

Continuer la lecture de « La dette, trace dénaturée des réciprocités intimes »

Vœux Macron 2023 : d’inimaginables mensonges

class=

« Qui aurait imaginé à cet instant, que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie ; des dizaines,  peut-être des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, une effroyable crise  énergétique, une crise alimentaire menaçante, l’invocation des pires menaces, y compris nucléaires ? Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »

Enregistrement des vœux 2023 d’Emmanuel Macron ( de 1’56’’ à 2’34’’)

Source vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=KwxVWvqlsio
Transcription : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/12/31/voeux-2023-aux-francais

Inimaginables mensonges

Ces « inimaginables défis », listés en une minute et demie, sont surtout d’« inimaginables mensonges ».

Pourquoi ? Parce qu’ils sont directement contraires à des faits aujourd’hui connus de tous.
Et pourquoi les relever ? Parce qu’ils sont criminels.

Le retour de la guerre sur le sol européen est criminel, cela va de soi, mais était-il inimaginable par les dirigeants et, particulièrement, par le président français ?
Absolument pas !

Continuer la lecture de « Vœux Macron 2023 : d’inimaginables mensonges »

Avatar 2, l’alibi écologique aux hyper-techniques de domination

Avatar 2, la voie de l’eau (le film de James Cameron)

class=

Le film est techniquement époustouflant : tout y est imaginaire mais semble réel et d’ailleurs en relief, au-delà du vrai de cinéma) et c’est bien raconté (dans la catégorie film d’aventures et d’action).

Je me suis surpris « accroché à mon fauteuil » comme si la suite de la séquence m’importait alors que je n’aimais pas le film.

Dans Avatar 2,  j’ai surtout vu un film de guerre qui cible les adolescents, les vrais qui vont au cinéma en bande (avec les filles) et les attardés (qui jouent les gros bras, à la caserne ou dans la rue).

La communication du film met en avant l’écologie et l’interdépendance entre toutes les formes de vie. C’est un mensonge.

Si étonnantes et (sur)suréalistes que soient les images de paysages flottants et de slaloms amphibies — vite convenues comme ont pu l’être autrefois les girafes en feu, les femmes à tiroirs et les tigres volants de Salvador Dali — ce qui frappe est ailleurs : ce sont les armes et l’hyper technique, l’écrasante avancée d’énormes blindés sur terre, sous l’eau et dans les airs, la prolifération des véhicules et les explosions un peu partout.

Peurs fascinantes et plaisir de faire peur, puissance des machines, ivresse de la vitesse, des chocs et des flashs, Avatar poétise la guerre. À travers la brume, les feuillages, les coraux, au bord des vides et à la veille d’ascensions radicales, on s’envole l’arme au poing, mais c’est une arme à répétition comme en rêvent les solitaires malaimés, les tueurs de collège, les proud-boys du Grand Ouest et les néonazis du Grand Est.

On chante ici l’épopée du massacre, l’innocent massacre de l’autre espèce, et cette ignominie est toujours couverte par le même alibi : la protection de la famille et du clan, le courage de résister, le sacrifice pour autrui et, face à la traîtrise, l’obstination impitoyable.

De tels appels au meurtre ne devraient pas avoir droit de cité mais la ruse qui permet de contourner l’indignation, on la connaît depuis longtemps (les croisades, les guerres aristocratiques, les westerns et même les grandes guerres) :

  • chez nous, on suit les ordres et on se débrouille pour faire son devoir malgré tout ;
  • et, chez eux, c’est-à-dire chez ceux qu’en général on écrabouille comme des punaises, on distingue de nobles ennemis.

S’ils font la guerre, c’est qu’ils y sont forcés. Alors nous, forcément, on réplique.

Le respect proclamé pour l’ennemi d’en face sert à dissimuler que notre guerre, elle, a toujours été une guerre de choix, et elle le restera jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’on ait écrasé la vermine !

Peu importent les intentions de James Cameron, la sensibilité d’humaniste et d’écologiste qu’il peut avoir à titre personnel, dans ce film et (tout le donne à penser) dans ceux qui vont suivre, deux motivations surdéterminent son œuvre : la volonté d’épater (pour laquelle il faut beaucoup d’argent et d’ingéniosité) et la volonté de faire de l’audience (à la mesure de l’énorme investissement de départ).

Le cœur de cible étant fourni par les moins de 20 ans technophiles, on a mit le paquet sur les armes. Le reste (les montures rapides, les véhicules toujours à portée de main, les messages sur la famille, le père protecteur, la mère aimante, les adolescents désobéissants mais finalement compris dans leurs élans désordonnés, la philosophie attrape-tout du grand tout aquatique), ce reste proliférant n’est là que pour « noyer le poisson » : la critique parentale, les ligues de vertu et les filles bien-pensantes de la bande.

C’est donc une affaire entendue, on ira, ils iront tous et ce sera bientôt la plus grande série du cinéma, en tout cas pour le nombre de spectateurs.

Plus grande que la dernière ? Sans doute. Comment s’appelait-elle déjà ? La guerre des étoiles !

En effet. Une autre histoire de guerre, y’a que ça qui marche.

C’est l’époque qui veut ça……

Donne à chacun sa part…

class=
Ballade de Boulat Okoudjava, interprétée par Régina Spektor.

À mes correspondants russophones, quelle que soit la nationalité dont on les affuble aujourd’hui et au nom de laquelle on les combat…

Chers tous,

Pour une fois dans votre langue, je découvre cette complainte de Boulat Okoudjava, que vous connaissez sûrement : elle existe sur Internet depuis au moins sept ans. Elle m’avait déjà été relayée dans le passé, à un moment où je n’avais pas pris le temps de m’y arrêter. [Merci à Pierre Cohen-Bacrie de me l’avoir redécouverte aujourd’hui].

class=

Par la même occasion, je découvre l’existence de ce Boulat Okoudjava dont le douloureux et intelligent parcours me touche, et dont on me dit qu’il fut l’un des inspirateurs de Vladimir Vyssotski, le seul « barde » russe dont je connaisse déjà l’existence par le biais de la belle Marina Vlady.

L’original chanté par Boulat Okoudjava (mort en 1997, il l’avait sans doute enregistré en 1967 dans les studios du Chant du Monde) me prend moins que la version ci-dessus interprétée par Régina Spektor.

J’y entends bien sûr toutes les misères du monde, à commencer par celles de l’ensemble russe, puis soviétique, ensuite « perestroïké » et désormais « poutinisé », soit tout l’Est européen, Ukraine comprise.

class=
Continuer la lecture de « Donne à chacun sa part… »