Ray Dalio le dit dans une analyse doublement exemplaire : – ayant collecté les données nécessaires pour comprendre la logique de chacune des parties (et quelques autres), il nous les livre « sur un plateau » ; – négociateur très expérimenté, il a des idées claires et réalistes sur la voie à suivre pour « dépasser les conflits inutiles« .
Un tel travail se trouve au cœur des préoccupations de ce blog. Je le relaie donc ici avec d’autant plus d’enthousiasme qu’il traite de l’un des enjeux stratégiques de la décennie en cours et de celles qui suivront.
Voici les propositions sur lesquelles il conclut, traduites et adaptées pour les francophones… Mutadis mutandis, elles valent pour tous les projets orientés vers un « mieux vivre ensemble« .
Le bel article de Michel Lussault ci-après (voir au bas de cette page) me rappelle, qu’avec toute ma génération, je suis le disciple des vérités révélées par l’image et, dans ma pensée, particulièrement de celles qui furent révélées par l’exploration spatiale.
Je me souviens encore du choc donné par les premiers « selfies » de l’humanité, ceux que la NASA nous a donné aux environs de 1968.
J’avais 22 ans…
De jour, j’allais dans les rues et j’étais (on me le disait depuis l’enfance) « dans la Lune« . Le soir jusqu’à fort avant dans la nuit (c’était un temps où Dutronc chantait « Il est cinq heures, Paris s’éveille« ), quand la ville dormait, je digérais mes émotions en composant des collages comme ceux-ci…
J’ai du premier (ci-après) une mémoire vive…
Pierre Nicolas. Collage réalisé en 1968 (reconstitution)
Je revins deux ans plus tard sur le même étonnement « lunaire » (quel jeu avais-je tiré ?) pour y mettre en panoptique mon témoignage sur l’époque et mes préoccupations du moment…
Depuis l’Antiquité, nous devrions savoir que la notion de « dette », comme tant d’autres, est caduque dès qu’on l’étend au-delà de l’instant et du proche. Pourtant, la tentation est grande de la projeter au-delà des réciprocités immédiates dont elle est une composante essentielle. Pauvres et personnes éduquées sont bien conscients des perversités d’une telle extension, mais ils résistent « naïvement » à l’idée d’en nier le principe : il faut payer ses dettes.
Pourquoi ce principe est-il « naïf » ?
Parce que nous anticipons l’inconnu en y projetant du connu et que, pour décrypter les ignorances qui nous inquiètent, nous bricolons des hypothèses à partir de l’expérience acquise. On ne saurait faire autrement mais voici le problème : si elles échouent, nous faisons de notre mieux pour les maintenir au prix de corrections qui en préservent l’essentiel.
Radio France engage un tournant environnemental : « NOUS NOUS TENONS RESOLUMENT DU COTE DE LA SCIENCE, en sortant du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine. Elle est un fait scientifique établi, pas une opinion parmi d’autres. »
[Voir infra le Manifeste de radio France]
Je suis content de découvrir cette déclaration de politique éditoriale, elle a le mérite d’être claire et idéologiquement cohérente. Ailleurs, dans d’autres médias, on tient d’autres propos, l’on promeut d’autres croyances et se donne d’autres priorités. De telles « politiques » restent souvent implicites. Des initiés, le cas échéant, les affinent, les font évoluer mais leur « cela va sans dire » suffit pour manager une équipe rédactionnelle sans que le tribunal de l’opinion s’en saisisse.. Mérite additionnel de cette solution : elle permet de maintenir la fiction de l’indépendance des journalistes à l’égard des propriétaires du journal.
Donc merci à Radio France, chaîne de service public, d’exister et de faire connaître ses choix éditoriaux.
Ce parti pris de se situer « du côté de la science » est assez proche du mien pour que je continue à m’intéresser aux productions de Radio France.
En revanche, l’idée de « sortir la crise climatique du champ du débat » est une erreur, et ceci pour trois raisons : politique, scientifique et cognitive…
Les traumatismes personnels et la destruction des entourages rendent fou. Nous produisons de tels fous, tous les jours dans les pays que nous martyrisons, en quantité industrielle comme les armes dont nous faisons parade.
Ces victimes, notre but n’a jamais été de les sauver mais de nous en débarrasser. Quelques rescapés abordent à nos rives mais – fous d’ailleurs ou d’ici – c’est pareil : nous ne savons qu’en faire. Les exigences de la vie « normée » (celle que l’on prétend « normale ») ne sont pas faites pour les grands blessés ni les handicapés, physiques ou psychiatriques.
Faire ou pas faire quelque chose pour eux ? Si l’insertion semble à portée, c’est un pari qu’on peut tenter. Au-delà, on entre dans l’inhumain.
Here is a modest, clever and spectacular contribution to the opening of minds.
In the course (2016) of this (42-minute) BBC program (Global philosopher), Michael Sandel (Harvard) asks 60 educated young people from 30 countries to speak out on various climate change issues.
Technically, it is difficult to do better.
As for the content, it is exemplary (there is a debate) and educational (presentation of the problem and of some ideas).
However, do not expect anything in terms of action (we are not here for that)… The professional philosopher concludes with a pro domo plea: let’s keep thinking!
So why should we care about this little media masterpiece?
Voici une modeste, astucieuse et spectaculaire contribution à l’ouverture des esprits.
Au cours (2016) de cette émission (42 minutes) de la BBC (Global philosopher), Michael Sandel (Harvard) demande à 60 personnes (jeunes éduqués) venant de 30 pays de s’exprimer sur diverses questions relatives au changement climatique.
Techniquement, il est difficile de faire mieux.
Quant au contenu, c’est exemplaire (il y a débat) et pédagogique (présentation du problème et de quelques idées).
N’en attendez cependant rien pour l’action (on n’est pas là pour ça)… Le philosophe professionnel conclut par un plaidoyer pro domo : continuons à réfléchir !
Alors, pourquoi s’intéresser à ce petit chef-d’œuvre médiatique ?
Les histoires intéressantes ou importantes portent toutes sur le dépassement d’un conflit ou d’une opposition qui, pendant l’aventure, devient structurante, créatrice d’« identités ».
Deux lectures recommandées pour approfondir ce thème…
Sur la question « Comment des groupes humains se constituent en société ? » : Maurice Godelier. Au fondement des sociétés humaines. Ce que nous apprend l’anthropologie. Albin-Michel 2007. 296 p.
Sur la construction d’histoires : Robert McKee. Story. Contenu, structure, genre. Les principes de l’écriture d’un scénario. Dixit Esra. 2009 416 p.
Mais c’est le « et après ? » qui m’importe.
Après, c’est la fin de l’histoire…
du conte de fées (ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants),
de l’ennemi ou de la guerre (victoire décisive, communauté européenne, Francis Fukuyama),
ou la réussite (généralement posthume) de l’artiste, du chercheur ou de l’entrepreneur.
Fin de l’histoire, donc du conflit, donc des héros, effacement des personnages, délitement de la famille, de l’entreprise, du peuple.
Ce qu’ils ont écrit et pensé mérite l’intérêt des Convivialistes et le mien : sur une trajectoire fraternelle, ils ont été et seront encore demain magnifiquement créatifs et sources d’inspiration.
Souvenez-vous des raisons pour lesquelles la France a opté pour la laïcité.
Ce pays qui avait été « la fille aînée de l’Église » voulait à la fois se débarrasser de l’imaginaire des monarchies « de droit divin » et proclamer son indépendance à l’égard de l’Église romaine. D’où la République laïque avec, comme fondement populaire, le citoyen nanti de droits et sa laïcité pour liberté, celle de désobéir au clergé. La France s’est ainsi inventé une conception de l’ordre public indépendante de l’ordre catholique. Elle n’a pas pour autant changé de culture.
On l’a bien vu dans l’œuvre coloniale, en Tunisie par exemple où la colline de Byrsa fut agrémentée d’une cathédrale dédiée à Saint-Louis. Formellement pourtant, on respectait les musulmans. Carthage avait été détruite par Rome, une autre Rome désormais la marquait, et c’était tout. Avec l’indépendance nationale, juridiquement, la France s’est retirée. Culturellement pourtant, elle est restée, cachée sous un faux-nez : celui de la laïcité.
Celle-ci était pour nous une solution que nous avions inventée en même temps que notre vocation coloniale quand l’Europe ne fut plus qu’un champ clos. Cela n’en fait pas un solution universalisable.
Temporairement, la laïcité nous a donné une souplesse d’adaptation que nous n’aurions pas eue sans elle. Dans des régions et des pays cimentés par d’autres traditions, elle inspire des protestations génératrices de désordres insurmontables. Son œuvre continue de désintégration compromet des États qui tentent d’émerger dans des processus d’acculturation qui déstabilisent toutes les institutions.
Il s’agit là d’un essai puissant, nuancé, profond, riche et novateur : il desserre les nœuds coulants conceptuels qui nous étranglent et nous attachent « aux systèmes » du moment, ceux qui nous ont conduit à la crise.
Les quelques limites de ce texte sont largement imputables à sa date de publication : on en savait moins le 8 avril qu’aujourd’hui. Peu importe. Il ne s’agissait pas pour l’auteur de définir ce qu’il fallait faire dans tel ou tel pays, à tel ou tel instant, mais de proposer une réflexion à long terme sur les concepts qui prédéterminent nos réactions face à la pandémie.
Illich fait deux critiques à la modernité telle que nous la connaissons…
Amina Khilaji est une Canadienne française originaire du Maroc ayant fait des études à l’UQAM (Université du Québec à Montréal). Elle s’est portée volontaire comme « employée de renfort » dans un établissement d’accompagnement de fin de vie, ce qu’on appelle au Québec un CHSLD et, en France, un EHPAD. Toutes les jeunes femmes de 28 ans n’ont pas envie de prendre en charge des vieux en fin de parcours mais elle, pour avoir dans son adolescence accompagné sa mère cancéreuse, était sensible à leurs misères.
Son témoignage nous dit ce que l’on vit dans de tels établissements, et comme souvent on y meurt. C’est poignant et rend justice à tous ces soignants, généralement des soignantes et, bien souvent, des immigrées.
En Chine, comme ailleurs dont la France, la majorité de nos populations entre en mode survie, cela change nos cultures. Avec le virus et la déflation, il y a de la dystopie dans l’air.
3 milliards de personnes Ͼonfinées dans le monde, un traumatisme planétaire, toutes des situations bien différentes et pourtant des intérêts Ͼommuns synchronisés par un événement planétaire, peut-être périodique… Des formations politiques naîtront un peu partout qui mettront au Ͼentre les préoccupations collectives nées du Ͼonfinement. Peut-être se reconnaîtront-elles dans ce symbole oublié mais si parlant, universel même en ces temps de Ͼommunication digitale : on le trouve sur tous nos Ͼlaviers. C’est le sigma lunaire pointé des Grecs, soit dans nos traitements de texte, le Ͼaractère O3FE de l’ Unicode hexadécimal : Ͼ .
Nous nous sommes organisés pour optimiser en fonction de ce qui est le plus probable, et donc le plus profitable, sans tenir compte de ce qui est le plus dangereux, qui pourrait nous tuer. Mais on vit mal dans la crainte, tandis que le désir est promesse de joie. Nous préférons donc parier que tout ira bien, et tant pis pour ceux qui n’ont pas de chance. C’est aussi ce que pensent les pauvres. Ils prennent ce qu’on leur laisse. Il est rationnel pour eux de vivre et planter sur les flancs du volcan parce que la terre y est meilleure qu’ailleurs mais, à la catastrophe, on s’étonne : qu’allaient-ils donc faire là ?
Mais n’est-il pas évident que, manque de masques, manque de lits, manque d’hôpitaux, manque de recherche, nous pensons comme eux ? Que sommes-nous donc allés faire dans cet avenir insupportable ?
S’envoler, c’était le rêve d’Icare mais, sans parachute,
c’était déraisonnable.
Or l’homme ne fait rien d’important sans coopération et ne saurait coopérer intelligemment sans réciprocité. Quand il s’agit de faire plus, on parle d’esprit d’entreprise. Quand il s’agit de parer aux risques, on parle de solidarité.
Réimaginer, repenser, redessiner nos solidarités, favoriser toutes celles qui s’amorcent, telles sont les priorités que nous enseigne le Ͼonfinement.
Pendant le cloisonnement, on a le temps d’y réfléchir. En guise de lecture pour temps d’épidémie, puisque nous disent nos dirigeants « nous sommes en guerre« , méditons la proposition que Marcel Mauss faisait au lendemain d’une vraie guerre, « la Grande » qui aurait dû être la « der des der« …
et si c’était Table Ronde ?
Les sociétés ont progressé dans la mesure où elles-mêmes, leurs sous-groupes et enfin leurs individus, ont su stabiliser leurs rapports, donner, recevoir, et enfin, rendre.
Pour commercer, il fallut d’abord savoir poser les lances. C’est alors qu’on a réussi à échanger les biens et les personnes, non plus seulement de clans à clans, mais de tribus à tribus et de nations à nations et – surtout – d’individus à individus. C’est seulement ensuite que les gens ont su se créer, se satisfaire mutuellement des intérêts, et enfin, les défendre sans avoir à recourir aux armes. C’est ainsi que le clan, la tribu, les peuples ont su – et c’est ainsi que demain, dans notre monde dit civilisé, les classes et les nations et aussi les individus, doivent savoir – s’opposer sans se massacrer et se donner sans se sacrifier les uns aux autres. C’est là un des secrets permanents de leur sagesse et de leur solidarité.
The following data come from the excellent Worldometers website. This selection is the basis for the questions on which, at the end of the article, I conclude.
Ranking of countries by number of cases on March 18
Comparisons
The initial panic is explained by the explosion of numbers in China in the Wuhan region.
Every year an estimated 290,000 to 650,000 people die in the world due to complications from seasonal influenza (flu) viruses. This figure corresponds to 795 to 1,781 deaths per day due to the seasonal flu.
SARS (November 2002 to July 2003): was a coronavirus that originated from Beijing, China, spread to 29 countries, and resulted in 8,096 people infected with 774 deaths (fatality rate of 9.6%). Considering that SARS ended up infecting 5,237 people in mainland China, Wuhan Coronavirus surpassed SARS on January 29, 2020, when Chinese officials confirmed 5,974 cases of the novel coronavirus (2019-nCoV). One day later, on January 30, 2020 the novel coronavirus cases surpassed even the 8,096 cases worldwide which were the final SARS count in 2003.
MERS (in 2012) killed 858 people out of the 2,494 infected (fatality rate of 34.4%).
Ranking of countries by number of deaths on March 18
It is confirmed by the explosion of figures in Italy, Iran, Spain, France and now the USA.
Amis idéalistes, examinons nos réactions aux désastres annoncés. Pour nous y opposer, nous écrivons sur le permis et l’interdit, sur les principes à adopter, les règles à mettre en place, les idées à répandre.
Ne voyez-vous pas qu’il est vain de se dresser, vaillant huissier, à la porte de l’ouragan pour lui lire ses droits avant saisie ?
Team management is a multidimensional task. Some parts are beyond your control. However, on the human side, your influence may be decisive. Here is the best you can do…
To manage your team by
mutual devotion
Strange idea in a professional context, isn’t it? However so obvious! In order to achieve “mutual devotion”…