As a pacifist surrounded by bloodthirsty sheep

As a pacifist surrounded by bloodthirsty sheep, I am perceived as a black sheep: a traitor to the perpetual crusade against eternal evil.

Traitor, indeed, I am…

I state that, politically, we are no more enlightened than were the medieval physicians. The remedies we use are ineffective, and when we obtain results, it is because they aggravate the disease.

We should stop there, but since we observe a change, we persist: we have to maintain the doctrine, one bloodletting is not enough, we have to do more.
This stops with the death of the patient, of course unwanted by the « doctors ». The cause therefore comes from elsewhere, no doubt from the faults of the deceased, sanctioned by the judgement of God.

Is this caricature of our political systems relevant?

I think so.
It leads me to question the tools (institutions and ideas) we have at our disposal.
We have already experienced similar situations of great uncertainty.

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For the climate, let time be our ally

For quite a while, I neglected climate issues. They remained in the background of my concerns. So I was only sympathetically curious about Vandana Shiva. The wave of criticism poured on her following the battles she led easily dissuaded me from examining further the positions she took.

I was wrong…

Only now have I read the report « Gates Ag One: The Recolonisation Of Agriculture » (February 2020) which she authored at Navdanya International.

I was dazzled by her argument against « Gates Ag One«  (« The Bill & Melinda Gates Agricultural Innovations LLC« ), the agricultural arm of the Gates Foundation.

It is very clear, well researched, well thought out and politically significant.

Political ecology is at the heart of the changes that need to be made in our ways of thinking and acting. For those who are still wondering, I urge you to read this important « manifesto« .

Here are some key ideas…

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The world energy war in Ukraine

At war, on the ground…

… in the distance, you can guess who you are aiming at and, up close, you see your co-defenders, but to tell the truth, winning or losing? You can’t say from the ground.
By satellite during the day, you just see grey and smoke, but at night, black and fire appear within the shining frantic permutations of a long snake of fire.

When you talk about good guys and bad guys, you are just keeping score. It does not help, and deducing trajectories from local points is pure nonsense. There are no more good maps, but then…

In Ukraine, who is fighting whom and why?

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La dette, trace dénaturée des réciprocités intimes

Depuis l’Antiquité, nous devrions savoir que la notion de « dette », comme tant d’autres, est caduque dès qu’on l’étend au-delà de l’instant et du proche. Pourtant, la tentation est grande de la projeter au-delà des réciprocités immédiates dont elle est une composante essentielle.
Pauvres et personnes éduquées sont bien conscients des perversités d’une telle extension, mais ils résistent « naïvement » à l’idée d’en nier le principe : il faut payer ses dettes.

Pourquoi ce principe est-il « naïf » ?

Parce que nous anticipons l’inconnu en y projetant du connu et que, pour décrypter les ignorances qui nous inquiètent, nous bricolons des hypothèses à partir de l’expérience acquise.
On ne saurait faire autrement mais voici le problème : si elles échouent, nous faisons de notre mieux pour les maintenir au prix de corrections qui en préservent l’essentiel.

Cet « essentiel », quel est-il ?

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Donne à chacun sa part…

Ballade de Boulat Okoudjava, interprétée par Régina Spektor.

À mes correspondants russophones, quelle que soit la nationalité dont on les affuble aujourd’hui et au nom de laquelle on les combat…

Chers tous,

Pour une fois dans votre langue, je découvre cette complainte de Boulat Okoudjava, que vous connaissez sûrement : elle existe sur Internet depuis au moins sept ans. Elle m’avait déjà été relayée dans le passé, à un moment où je n’avais pas pris le temps de m’y arrêter. [Merci à Pierre Cohen-Bacrie de me l’avoir redécouverte aujourd’hui].

Par la même occasion, je découvre l’existence de ce Boulat Okoudjava dont le douloureux et intelligent parcours me touche, et dont on me dit qu’il fut l’un des inspirateurs de Vladimir Vyssotski, le seul « barde » russe dont je connaisse déjà l’existence par le biais de la belle Marina Vlady.

L’original chanté par Boulat Okoudjava (mort en 1997, il l’avait sans doute enregistré en 1967 dans les studios du Chant du Monde) me prend moins que la version ci-dessus interprétée par Régina Spektor.

J’y entends bien sûr toutes les misères du monde, à commencer par celles de l’ensemble russe, puis soviétique, ensuite « perestroïké » et désormais « poutinisé », soit tout l’Est européen, Ukraine comprise.

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Des erreurs de la France et l’Europe sur l’Ukraine

La chaine YouTube TROUBLE FAIT que je découvre (alors qu’elle existe depuis 2015) est excellente. Clarté d’esprit et d’exposé, organisation des arguments, pertinence des illustrations et des chiffres, légèreté du ton et fermeté des idées, tout y est.

Il y a un gros travail derrière, sérieux et vérifiable : le lien PLUS en-dessous de chaque vidéo donne accès à une « table des séquences » et à des liens vers les « sources », ce qui permet de sélectionner les séquences et arguments qu’on veut examiner en détail.

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Démanteler les géants

[English below]

Sous le lien suivant, l’estimable Robert Reich montre que, face à des fauteurs de troubles comme Kanye West, Donald Trump et quelques autres, le public ne peut compter…

  • sur les géants médiatiques pour être socialement responsables,
  • pas plus que sur le droit (tranché aux USA par la Cour suprême) qui ne peut traiter ces géants que comme des gestionnaires de flux chargés d’un service public analogue aux autoroutes, donc non responsables de ce que leurs usagers font circuler ou des accidents qu’ils produisent,
  • et pas non plus sur l’appareil politique lui-même (gouvernement et élus) qui, toujours insécure et divisé, dépend de l’argent et des médias.

La boucle est bouclée. Le pouvoir détenu par les géants du numérique est incompatible avec les besoins de la société.
La seule solution est de réactiver les lois anti-trust et de briser ces géants.

Aussi forte qu’elle paraisse, cette argumentation a deux faiblesses…

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Génération Alzheimer

Vieux frères et vieilles sœurs, nous sommes la part humaine de la mémoire du monde.

Les plus fragiles d’entre nous s’inquiètent de devenir Alzheimer mais nous, les plus solides, si nous ne transmettons rien…

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Secret de la démocratie : l’asservissement d’autrui

Lorsque Sieyès en 1789 observe que « nous sommes forcés de ne voir, dans la plus grande partie des hommes, que des machines de travail », il le fait en parfaite continuité avec « les pères fondateurs » (dans notre tradition) de l’idée de « démocratie ».
À Athènes, la décision politique est débattue directement entre les seuls citoyens, c’est-à-dire entre ceux qui, statutairement et matériellement libérés des contraintes quotidiennes par le travail des esclaves, sont ouverts à la connaissance et aptes à l’exprimer.

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Barbara Ehrenreich (1941-2022)

Barbara Ehrenreich vient de mourir à 81 ans. Généreuse militante, chroniqueuse originale et profonde, ceux qui rapportent sa mort mettent l’accent sur les grandes causes (femmes, inégalités, politiques de santé, idéologies de la classe moyenne…) auxquelles son nom est désormais attaché.

Voir…

https://www.puffinfoundation.org/barbara-ehrenreich/

https://en.wikipedia.org/wiki/Barbara_Ehrenreich

https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbara_Ehrenreich

Pour ma part, j’ai surtout été marqué par…

Blood Rites: Origins and History of the Passions of War (1997),

un essai d’anthropologie qui est resté marginal dans son œuvre.

J’en ai rendu compte sur mon blog dans un article détaillé :

Nous sommes des proies depuis toujours

Depuis, je ne cesse de me référer à Barbara Ehrenreich…

Toutes nos traditions, toutes nos institutions, toutes nos croyances, portent la marque de l’effroi ressenti par nos ancêtres archaïques devant les prédateurs souverains face auxquels l’humanité, pour survivre, a dû s’imaginer.

De la catastrophe au Pakistan à l’eunomie internationale

[English version below]

35 millions de personnes déplacées, des milliers de morts, la destruction massive des champs et du bétail, la famine et les épidémies à venir, ne seront pas surmontées sans repenser profondément les systèmes mis en avant par les « pays du Nord ». Comme partout ailleurs, le jeu de la dette a enrichi les élites locales pour les asservir aux intérêts des États-Unis pendant la guerre froide, puis la guerre au terrorisme. C’est ensuite aux pauvres qu’on demande de rembourser cette dette dans le cadre du plan d’austérité imposé par le Fonds Monétaire International.
Le Pakistan est aux abois.

Puissances et puissants n’oublieront certes pas qu’il détient l’arme atomique. Leurs intentions ne bénéficieront donc durablement qu’aux affairistes de l’aristocratie, de l’immobilier et de l’armée.

Voyons plutôt qu’une catastrophe de cette ampleur peut donner le départ à l’élaboration collective d’un ordre international alternatif qui traiterait sérieusement des questions posées par l’histoire mondiale des injustices, de l’impérialisme et du capitalisme. Une telle perspective associerait les initiatives de ceux qui, au Nord de la planète, combattent le militarisme, le nationalisme et l’addiction aux énergies fossiles, avec celles de ceux qui, au Sud, combattent l’exploitation par les élites locales, les pays étrangers, et les institutions financières internationales.

En d’autres termes, plutôt que de s’en tenir à de très limitées et temporaires initiatives humanitaires, il est ici question de prendre appui sur les contradictions du présent pour imaginer et construire un autre avenir pour tous, qui soit durable, solidaire et audacieux.

Une « eunomie » (« bon ordre ») internationale aurait dit Solon.

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