L’ostracisme est aujourd’hui manifeste un peu partout. Dans les vieilles « démocraties », il choque plus qu’ailleurs parce qu’on l’y croit contraire aux valeurs fondatrices.
C’est faux.
Pour deux raisons…
La première est que les « démocraties » existantes sont d’abord des « républiques aristocratiques », c’est-à-dire des territoires, des ressources et des populations sous la gouverne d’une « élite » auto-instituée vouée à la préservation de ses intérêts collectifs.
La seconde est que cette élite contrôle la « Cité » en s’alliant « le peuple » au nom duquel, « démocratiquement », elle gouverne. Encore faut-il donner à ce peuple cette apparence de souveraineté qui permet, au « great American people » par exemple (insister sur « great »), d’en déléguer l’exercice à l’élite qui prétend le représenter. Les procédures électorales et le dispositif constitutionnel sont ici doublés d’une coalescence entre un petit nombre de « dirigeants charismatiques » et « la foule ». Celle-ci, manipulable et méprisée, crainte et souvent misérable, ne tient comme « peuple » (remplissant sa fonction conservatrice) qu’à condition de réactiver périodiquement la distinction nous vs eux qui la fait consister, malgré sa diversité objective et ses dissensions internes.
Fragile alliance donc qu’un échec ou une crise suffisent à mettre en cause. D’où la nécessité où se trouvent les gouvernants insécures de se doter d’une politique d’ostracisme externe (l’ennemi, héréditaire ou cisconstanciel) et interne (les « moins que rien » qui tirent de la Cité des avantages indus). Continuer la lecture de « L’ostracisme, un vice démocratique »