Convivialisation et créolisation

Patrick Chamoiseau

Appelons « créolisant » le mouvement lancé par Édouard Glissant (1928-2011) et Patrick Chamoiseau (1953- ), fédéré aujourd’hui dans « L’institut du Tout-Monde ».

Ce qu’ils ont écrit et pensé mérite l’intérêt des Convivialistes et le mien : sur une trajectoire fraternelle, ils ont été et seront encore demain magnifiquement créatifs et sources d’inspiration.

D’où l’intérêt de les mettre en regard…

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Quand vous sortirez du confinement…

Illustration dérivée d’un article « frère » qui suggère le Projet d’une grande Transition vers une société du bien vivre

que ferez-vous ? que ferons-nous ?

Pendant le cloisonnement, on a le temps d’y réfléchir.
En guise de lecture pour temps d’épidémie, puisque nous disent nos dirigeants « nous sommes en guerre« , méditons la proposition que Marcel Mauss faisait au lendemain d’une vraie guerre, « la Grande » qui aurait dû être la « der des der« …

et si c’était Table Ronde ?

Les sociétés ont progressé dans la mesure où elles-mêmes, leurs sous-groupes et enfin leurs individus, ont su stabiliser leurs rapports, donner, recevoir, et enfin, rendre.

Pour commercer, il fallut d’abord savoir poser les lances. C’est alors qu’on a réussi à échanger les biens et les personnes, non plus seulement de clans à clans, mais de tribus à tribus et de nations à nations et – surtout – d’individus à individus.
C’est seulement ensuite que les gens ont su se créer, se satisfaire mutuellement des intérêts, et enfin, les défendre sans avoir à recourir aux armes. C’est ainsi que le clan, la tribu, les peuples ont su – et c’est ainsi que demain, dans notre monde dit civilisé, les classes et les nations et aussi les individus, doivent savoir – s’opposer sans se massacrer et se donner sans se sacrifier les uns aux autres. C’est là un des secrets permanents de leur sagesse et de leur solidarité.

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Propositions pour un nouveau paradigme

Lorsque, en septembre 2001, le World Trade Center s’est effondré, j’étais depuis six mois retiré de la vie des affaires et désireux de me consacrer à « l’écriture », dans deux domaines : la philosophie politique et le roman.
Depuis, j’ai produit des milliers de pages, plus soucieux de contenus que de publications…
Politiquement, il m’a longtemps semblé que quelque chose pouvait m’échapper qui serait susceptible de changer les proportions de ce que j’avais conçu. J’ai donc avidement suivi l’actualité à la recherche de processus que j’aurais négligés mal compris.Cette incertitude et des contraintes d’ordre personnel m’ont fait différer le « bouclage » du roman, une vaste saga historique dont la trame définitive est structurée par le travail philosophique.
C’est parce que celui-ci était stabilisé que, début 2018, à la faveur d’une amicale invitation, je me suis associé au mouvement convivialiste.

Dix ans plus tôt, à la faveur d’un échange sur les conséquences (intellectuelles) à tirer de l’écroulement des tours du World Trade Center, j’écrivais :

« La question est de savoir s’il y a lieu ou pas de changer de paradigme et comment.
Quand cela se fait, c’est toujours pour des raisons idéologico-politiques ET sur des faits dont on ne peut rendre compte dans le paradigme précédent.
L’écroulement des tours et immeubles 1, 2 et 7 du World Trade Center est un groupe de faits de cet ordre.
Reste à élaborer ce nouveau paradigme.
Il peut être suggéré « artistiquement » et développé intellectuellement, mais ne peut se constituer que par un processus collectif. »

Il me semble – du moins, je l’espère – être parvenu au début de ce processus collectif. Continuer la lecture de « Propositions pour un nouveau paradigme »

La nouvelle Marianne ?

Elle ne porte pas le bonnet phrygien, mais ne personnifie-t-elle pas la devise républicaine : « Liberté, Égalité, Fraternité » ? Cette jolie jeune fille était hier, dans les jardins de l’Élysée, dans la cohorte des Clubs de foot invités au Palais.

Joyeuse célébration…
de la France inclusive et de la vie associative,
du vierge, du vivace et du bel aujourd’hui…

Bien des espoirs sont en lui
et cette grande question venue d’hier et d’avant-hier :
ce vierge, ce vivace et ce bel aujourd’hui
va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre ? Continuer la lecture de « La nouvelle Marianne ? »

Universal convivialism or communal conspiratio?

Convivialism is in search of a new paradigm which could free us from our present tendencies towards unbearable levels of social and natural destruction.
Well, before venturing into new territories, it is wise to check the direction given by the compass.
For Convivialists, it inspires a return to Ivan Illich (1926-2002), the polymath who promoted the concept of “conviviality”.

Here is one of his last (1998) and most inspiring speeches: “The cultivation of conspiracy”. Although he does not explicitly mention « conviviality« , the references he assembles draw a precise description of this key human experience (to be considered as both a goal and a way), as well as of the criteria which tell us if we are still on track. Continuer la lecture de « Universal convivialism or communal conspiratio? »

De la réciprocité à la parole

Pas besoin de parler pour entrer en relation : regards, mimiques et gestes y suffisent mais, pour organiser cette relation, la faire reconnaître par autrui, l’articuler avec d’autres, il est nécessaire de parler.
Sans parole, pas de coexistence assumée, pas de convivialité, pas non plus de société apte à s’adapter à un environnement changeant.
Pas enfin de complexité vivante sans débat et pas de débat sans capacité à s’exprimer.

Mais la clarté passe par un décentrement. Qui expose bien parle ou écrit pour autrui, pas pour soi et, si l’on veut que l’autre ait envie d’écouter ou de lire, il faut le séduire, d’abord par ce qu’on est, ensuite par la façon dont on s’exprime. Continuer la lecture de « De la réciprocité à la parole »

Vers un jeu convivialiste ?

Les jeux sont des espaces d’expérimentation et, quand ils sont stabilisés, d’apprentissage.
Or l’idée de société conviviale à grande échelle ne va pas de soi ; c’est ce qui fait l’intérêt d’un jeu tel que Commonspoly, une sorte d’anti-Monopoly, consacré, non à l’enrichissement des joueurs, mais à l’animation et la valorisation des « commons », c’est-à-dire des biens communs qui nous sont nécessaires pour faire société.
J
e n’ai pas encore expérimenté Commonspoly, mais j’ai monté dans le passé diverses simulations ; dérivées du « dilemme du prisonnier », elles poursuivaient un objectif semblable. Continuer la lecture de « Vers un jeu convivialiste ? »