Chine – USA, que faire pour réduire les risques ?

Ray Dalio le dit dans une analyse doublement exemplaire :
– ayant collecté les données nécessaires pour comprendre la logique de chacune des parties (et quelques autres), il nous les livre « sur un plateau » ;
– négociateur très expérimenté, il a des idées claires et réalistes sur la voie à suivre pour « dépasser les conflits inutiles« .

Un tel travail se trouve au cœur des préoccupations de ce blog.
Je le relaie donc ici avec d’autant plus d’enthousiasme qu’il traite de l’un des enjeux stratégiques de la décennie en cours et de celles qui suivront.

Voici les propositions sur lesquelles il conclut, traduites et adaptées pour les francophones…
Mutadis mutandis, elles valent pour tous les projets orientés vers un « mieux vivre ensemble« .

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À l’Ouest déjà, on prépare la partition de l’Ukraine

L’Ukraine est ruinée mais sa partition n’était jusque-là qu’un scénario plausible. Or la situation a changé. Cette évidence règle désormais le comportement de toutes les parties concernées.

Il est trop tôt pour qu’elles en conviennent : elles peuvent encore gagner ou/et perdre quelque chose dans les négociations à venir. Ce sera l’enjeu des prochains combats et des postures qu’on médiatisera pour l’histoire.
« Des enjeux« , car ils sont nombreux : les armes, l’énergie, le réseau fluvial, l’accès à la mer Noire, les droits des populations et des églises…

Quoi qu’il en soit…

L’examen des pertes de chaque côté [1], la nature et le calendrier d’envoi d’armes à Kiev, annoncent clairement le résultat de la première phase de la guerre ukrainienne : la partition de ce qu’hier on appelait l’Ukraine.

[1] Voyez ici le « Bilan des pertes de guerre Russie / OTAN en Ukraine » réalisé par le général Dominique Delawarde…

Les prétendus « alliés » de l’OTAN en ont pris leur parti : les aides qu’ils promettent aujourd’hui ne visent pas « la victoire » invoquée (la récupération par Kiev des territoires déjà perdus ou toujours revendiqués par la Fédération de Russie) mais seulement la survie d’une « Ukraine de l’Ouest » dont Kiev serait, nominalement au moins, la capitale, face à une extension durable de la partie russe à l’Est et au Sud.

On connaît ce schéma

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The world energy war in Ukraine

At war, on the ground…

… in the distance, you can guess who you are aiming at and, up close, you see your co-defenders, but to tell the truth, winning or losing? You can’t say from the ground.
By satellite during the day, you just see grey and smoke, but at night, black and fire appear within the shining frantic permutations of a long snake of fire.

When you talk about good guys and bad guys, you are just keeping score. It does not help, and deducing trajectories from local points is pure nonsense. There are no more good maps, but then…

In Ukraine, who is fighting whom and why?

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Vœux Macron 2023 : d’inimaginables mensonges

« Qui aurait imaginé à cet instant, que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie ; des dizaines,  peut-être des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, une effroyable crise  énergétique, une crise alimentaire menaçante, l’invocation des pires menaces, y compris nucléaires ? Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »

Enregistrement des vœux 2023 d’Emmanuel Macron ( de 1’56’’ à 2’34’’)

Source vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=KwxVWvqlsio
Transcription : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/12/31/voeux-2023-aux-francais

Inimaginables mensonges

Ces « inimaginables défis », listés en une minute et demie, sont surtout d’« inimaginables mensonges ».

Pourquoi ? Parce qu’ils sont directement contraires à des faits aujourd’hui connus de tous.
Et pourquoi les relever ? Parce qu’ils sont criminels.

Le retour de la guerre sur le sol européen est criminel, cela va de soi, mais était-il inimaginable par les dirigeants et, particulièrement, par le président français ?
Absolument pas !

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Des erreurs de la France et l’Europe sur l’Ukraine

La chaine YouTube TROUBLE FAIT que je découvre (alors qu’elle existe depuis 2015) est excellente. Clarté d’esprit et d’exposé, organisation des arguments, pertinence des illustrations et des chiffres, légèreté du ton et fermeté des idées, tout y est.

Il y a un gros travail derrière, sérieux et vérifiable : le lien PLUS en-dessous de chaque vidéo donne accès à une « table des séquences » et à des liens vers les « sources », ce qui permet de sélectionner les séquences et arguments qu’on veut examiner en détail.

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Démanteler les géants

[English below]

Sous le lien suivant, l’estimable Robert Reich montre que, face à des fauteurs de troubles comme Kanye West, Donald Trump et quelques autres, le public ne peut compter…

  • sur les géants médiatiques pour être socialement responsables,
  • pas plus que sur le droit (tranché aux USA par la Cour suprême) qui ne peut traiter ces géants que comme des gestionnaires de flux chargés d’un service public analogue aux autoroutes, donc non responsables de ce que leurs usagers font circuler ou des accidents qu’ils produisent,
  • et pas non plus sur l’appareil politique lui-même (gouvernement et élus) qui, toujours insécure et divisé, dépend de l’argent et des médias.

La boucle est bouclée. Le pouvoir détenu par les géants du numérique est incompatible avec les besoins de la société.
La seule solution est de réactiver les lois anti-trust et de briser ces géants.

Aussi forte qu’elle paraisse, cette argumentation a deux faiblesses…

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De la catastrophe au Pakistan à l’eunomie internationale

[English version below]

35 millions de personnes déplacées, des milliers de morts, la destruction massive des champs et du bétail, la famine et les épidémies à venir, ne seront pas surmontées sans repenser profondément les systèmes mis en avant par les « pays du Nord ». Comme partout ailleurs, le jeu de la dette a enrichi les élites locales pour les asservir aux intérêts des États-Unis pendant la guerre froide, puis la guerre au terrorisme. C’est ensuite aux pauvres qu’on demande de rembourser cette dette dans le cadre du plan d’austérité imposé par le Fonds Monétaire International.
Le Pakistan est aux abois.

Puissances et puissants n’oublieront certes pas qu’il détient l’arme atomique. Leurs intentions ne bénéficieront donc durablement qu’aux affairistes de l’aristocratie, de l’immobilier et de l’armée.

Voyons plutôt qu’une catastrophe de cette ampleur peut donner le départ à l’élaboration collective d’un ordre international alternatif qui traiterait sérieusement des questions posées par l’histoire mondiale des injustices, de l’impérialisme et du capitalisme. Une telle perspective associerait les initiatives de ceux qui, au Nord de la planète, combattent le militarisme, le nationalisme et l’addiction aux énergies fossiles, avec celles de ceux qui, au Sud, combattent l’exploitation par les élites locales, les pays étrangers, et les institutions financières internationales.

En d’autres termes, plutôt que de s’en tenir à de très limitées et temporaires initiatives humanitaires, il est ici question de prendre appui sur les contradictions du présent pour imaginer et construire un autre avenir pour tous, qui soit durable, solidaire et audacieux.

Une « eunomie » (« bon ordre ») internationale aurait dit Solon.

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Covid-19, au 1er mai, où en est-on ?

Création de Henry J. Kaiser (1882-1967, la KFF (Kaiser Family Foundation), dotée en 1948 de la moitié de la fortune du fondateur et réorganisée en 1991, a pour objet les questions de santé.
Ses graphiques et tableaux de suivi sont particulièrement maniables.
Ceux qui suivent ont été créés avec leur « Coronavirus Tracker« .

Aux États-Unis

La première page de ce site américain met en exergue une courbe effrayante : celle de la croissance du nombre de personnes contaminées (« cases ») aux États-Unis.

Regardons la de plus près…

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L’ostracisme, un vice démocratique

L’ostracisme est aujourd’hui manifeste un peu partout. Dans les vieilles « démocraties », il choque plus qu’ailleurs parce qu’on l’y croit contraire aux valeurs fondatrices.
C’est faux.

Pour deux raisons…
La première est que les « démocraties » existantes sont d’abord des « républiques aristocratiques », c’est-à-dire des territoires, des ressources et des populations sous la gouverne d’une « élite » auto-instituée vouée à la préservation de ses intérêts collectifs.
La seconde est que cette élite contrôle la « Cité » en s’alliant « le peuple » au nom duquel, « démocratiquement », elle gouverne. Encore faut-il donner à ce peuple cette apparence de souveraineté qui permet, au « great American people » par exemple (insister sur « great »), d’en déléguer l’exercice à l’élite qui prétend le représenter.  Les procédures électorales et le dispositif constitutionnel sont ici doublés d’une coalescence entre un petit nombre de « dirigeants charismatiques » et « la foule ». Celle-ci, manipulable et méprisée, crainte et souvent misérable, ne tient comme « peuple » (remplissant sa fonction conservatrice) qu’à condition de réactiver périodiquement la distinction nous vs eux qui la fait consister, malgré sa diversité objective et ses dissensions internes.

Fragile alliance donc qu’un échec ou une crise suffisent à mettre en cause. D’où la nécessité où se trouvent les gouvernants insécures de se doter d’une politique d’ostracisme externe (l’ennemi, héréditaire ou cisconstanciel) et interne (les « moins que rien » qui tirent de la Cité des avantages indus). Continuer la lecture de « L’ostracisme, un vice démocratique »

Les USA ont tout ce qu’il faut pour prévaloir mais, relativement, ils pèsent moins

Les dépenses d’armement des USA impressionnent mais, par rapport au reste du monde, elles baissent (80% en 1949, 65% en 1959, 62% en 1969, 38% en 1979, 35% en 1989, 39% en 1999, avec un pic à 44% en 2002-2006, et 36% en 2017) alors que, depuis 30 ans, leur part dans la production (ou la captation) de richesses stationne aux alentours de 25%

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Détruire Mari, d’où nous venons

Retenons des frappes conjointes des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France que ces trois membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU continuent de parader dans les ruines syriennes pour y étaler, urbi et orbi, de leur (ir)résolution.
Emmanuel Macron nous l’a expliqué ce dimanche 15 avril  : « Nous étions arrivés à un moment où cette frappe était indispensable pour pouvoir redonner de la crédibilité à la parole de notre communauté » (12’), puis il a précisé sa pensée (12’ 40’’) : « Nous (la France) avons ré-acquis de la crédibilité à l’égard des Russes ».
Le prix de l’opération ? Le maintien des troupes américaines en Syrie. Jusqu’à ce qu’il n’y reste plus pierre sur pierre ?
Et tout cela pour que trois mal élus (Trump, May, Macron) s’essayent à jouer dans la cour des « grands » ?
À qui fera-t-il croire, notre « Emmanuel », que « Dieu est avec nous » et que son but est de « construire une solution durable pour le peuple syrien » (13’) ?

Comme les réfugiés, c’est de Syrie que nous venons

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L’Empire et les cinq rois, de Bernard-Henri Lévy

Cédant à la demande d’un ami, j’ai regardé la séquence de l’émission « On n’est pas couché » qui vient d’être consacrée au dernier livre de Bernard Henri Lévy : « L’empire et les cinq rois », édité comme il se doit chez Grasset.
Ce qui suit se fonde exclusivement sur ce qui est apparu dans l’émission en question.

Pourquoi ai-je pris le temps de mettre ce que j’en pensais noir sur blanc ?
Pour maintenir le dialogue avec mon ami, et parce que Bernard-Henri Lévy, très visible encore dans le paysage médiatico-politique de la France, y est toujours en position de faire événement.
J’ai donc d’abord voulu savoir ce qu’il disait.

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