À l’Ouest déjà, on prépare la partition de l’Ukraine

L’Ukraine est ruinée mais sa partition n’était jusque-là qu’un scénario plausible. Or la situation a changé. Cette évidence règle désormais le comportement de toutes les parties concernées.

Il est trop tôt pour qu’elles en conviennent : elles peuvent encore gagner ou/et perdre quelque chose dans les négociations à venir. Ce sera l’enjeu des prochains combats et des postures qu’on médiatisera pour l’histoire.
« Des enjeux« , car ils sont nombreux : les armes, l’énergie, le réseau fluvial, l’accès à la mer Noire, les droits des populations et des églises…

Quoi qu’il en soit…

L’examen des pertes de chaque côté [1], la nature et le calendrier d’envoi d’armes à Kiev, annoncent clairement le résultat de la première phase de la guerre ukrainienne : la partition de ce qu’hier on appelait l’Ukraine.

[1] Voyez ici le « Bilan des pertes de guerre Russie / OTAN en Ukraine » réalisé par le général Dominique Delawarde…

Les prétendus « alliés » de l’OTAN en ont pris leur parti : les aides qu’ils promettent aujourd’hui ne visent pas « la victoire » invoquée (la récupération par Kiev des territoires déjà perdus ou toujours revendiqués par la Fédération de Russie) mais seulement la survie d’une « Ukraine de l’Ouest » dont Kiev serait, nominalement au moins, la capitale, face à une extension durable de la partie russe à l’Est et au Sud.

On connaît ce schéma

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Trahir la paix ?

La France de Macron est aujourd’hui entraînée vers la guerre par l’Europe et l’OTAN. Avant de faire un pas de plus, regardons en arrière, vers une autre France qui, en 1790, voulait échapper à une nouvelle « guerre des rois ».

À la suite d’un incident maritime du côté de Vancouver, entre la Grande-Bretagne et l’Espagne, en un temps où la France avait encore des intérêts en Amérique du Nord, Louis XVI se jugeait tenu par le pacte des Bourbons de France et d’Espagne.

Par solidarité avec l’Espagne, il voulut préventivement renforcer sa marine.
Montmorin, son ministre, demanda donc à l’Assemblée constituante de voter un « secours », mais l’Assemblée posa une question préalable : « La nation doit-elle déléguer au roi l’exercice du droit de la paix et de la guerre ? ».

Par vote, elle répondit que la décision lui appartenait « sur proposition du roi » et, pour étayer ce refus d’une « guerre des rois », elle assortit la Constitution d’un alinéa mémorable :
« La Nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple. »

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Objection de conscience, un droit européen ?

Pas partout !

Voici, au 27 mai 2021, les pays qui s’y opposent…

Quant à ceux qui déclarent respecter ce droit, le font-ils pleinement et sans hypocrisie ?

J’ai des doutes.

Ce n’est là qu’une des contradictions de nos prétentions à la paix.

Vœux Macron 2023 : d’inimaginables mensonges

« Qui aurait imaginé à cet instant, que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie ; des dizaines,  peut-être des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, une effroyable crise  énergétique, une crise alimentaire menaçante, l’invocation des pires menaces, y compris nucléaires ? Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »

Enregistrement des vœux 2023 d’Emmanuel Macron ( de 1’56’’ à 2’34’’)

Source vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=KwxVWvqlsio
Transcription : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/12/31/voeux-2023-aux-francais

Inimaginables mensonges

Ces « inimaginables défis », listés en une minute et demie, sont surtout d’« inimaginables mensonges ».

Pourquoi ? Parce qu’ils sont directement contraires à des faits aujourd’hui connus de tous.
Et pourquoi les relever ? Parce qu’ils sont criminels.

Le retour de la guerre sur le sol européen est criminel, cela va de soi, mais était-il inimaginable par les dirigeants et, particulièrement, par le président français ?
Absolument pas !

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11 novembre 2022, un jour propice pour déclarer la paix

La guerre d’Ukraine a trop duré.
Ce 11 novembre est un jour propice pour déclarer la paix.
Comprenez-vous que c’est possible ?

Les États-Unis le savent

Le général Mark Milley, leur chef d’état-major, vient de le leur annoncer :
« Il doit y avoir une reconnaissance mutuelle que la victoire militaire n’est probablement pas, au sens propre du terme, réalisable par des moyens militaires. Il faut donc se tourner vers d’autres moyens. Une occasion s’ouvre à la négociation. »

Le pays lui-même est dans une situation similaire : en politique intérieure, les élections de mi-mandat n’ont donné la victoire à personne et, à l’avant-garde du numérique, deux des entreprises extraordinaires de la dernière décennie (Facebook et Twitter) licencient massivement.

Latence aussi pour la Fédération de Russie

qui vient d’abandonner Kherson pour se replier sur la rive orientale du Dniepr en préparation de la guerre d’hiver ou en attente de pourparlers sérieux.

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Des erreurs de la France et l’Europe sur l’Ukraine

La chaine YouTube TROUBLE FAIT que je découvre (alors qu’elle existe depuis 2015) est excellente. Clarté d’esprit et d’exposé, organisation des arguments, pertinence des illustrations et des chiffres, légèreté du ton et fermeté des idées, tout y est.

Il y a un gros travail derrière, sérieux et vérifiable : le lien PLUS en-dessous de chaque vidéo donne accès à une « table des séquences » et à des liens vers les « sources », ce qui permet de sélectionner les séquences et arguments qu’on veut examiner en détail.

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Ukraine – Jeux pervers

Sous la présidence d’Emmanuel Macron, et cette malencontreuse présidence de l’Union européenne dont il n’a su s’abstenir [1], nous voici embarqués dans un jeu débile pour adolescents risque-tout.

[1] La proximité des élections présidentielles françaises l’y invitait. Cette décision prise, la guerre changea la donne. Requis de parler pour toute l’Europe qui est l’otage des États-Unis, il a été empêché de parler spécifiquement pour la France.

Oublieux de notre propre fragilité, nous avons déclaré une guerre économique dont nous sortirons par des faillites en cascade et des vies ruinées bien au-delà de ce qui s’est passé en 2008.

Ensuite, renouvelant les enchevêtrements d’alliance qui ont conduit aux deux guerres mondiales, nous sommes devenus de fait des co-belligérants. Avec de l’aide humanitaire et des livraisons d’armes à l’Ukraine, sous prétexte d’aider sa courageuse résistance, nous prolongeons le supplice de ce pays déjà pauvre et déchiré avant cette guerre. Il n’en restera demain que des ruines.

« Bon calcul, diront les cyniques, pourvu que ça reste chez eux ! ».

Ainsi pensons-nous « à l’Ouest », surtout si c’est outre-Atlantique.

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Zelensky a cassé son vélo… et l’Ukraine

Yuval Noah Harari se réjouissait le 28 février que Poutine ait, disait-il, « perdu sa guerre »

Le 1er mars, Bruno Le Maire déclarait que la France et l’Union européenne allaient « livrer une guerre économique et financière totale à la Russie », dans l’objectif assumé de « provoquer l’effondrement de l’économie russe ».
Qu’il soit revenu en arrière depuis en parlant diplomatiquement de « stratégie de désescalade », devrait sauver sa carrière mais ne trompera personne.

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Dans une guerre, tous les combattants sont des perdants (dans celle-ci, même si elle se termine vite et « bien », ce sera la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, les pays limitrophes, l’Europe) mais pas ceux qui les actionnent de loin.

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La civilisation comme illusion (1)

Paul Valéry en 1893

Valéry est un de mes frères en pensée.
À vingt ans comme lui (qui en avait vingt-trois quand il écrivit sa « Soirée »), je me suis rêvé en Monsieur Teste.
Ce « frère », je le suis resté. Comme Teste, « je me suis préféré » et je n’ai jamais été possédé par « la niaise manie » de mon nom.

De Paul Valéry (1871-1945), c’est moins sûr. Il a donné au public « le temps qu’il faut pour se rendre perceptible » et moi, bon public, j’ai suivi, l’âme vague, ses mystères poétiques.
L’âme vague peut-être mais le cœur froid, ce qui m’a fait préférer Georges Brassens, l’autre poète de Sète. D’où le grand rire qui m’a saisi lorsque j’ai découvert les efforts du colonel Godchot : « Essai de traduction en vers français du « Cimetière marin de Paul Valéry » (1933).

Tout cela n’en est pas moins maigre et sec. C’est donc à un autre Valéry que je reviens (mais je le fais tous les dix ans peut-être, à chaque étape de ma méditation politique), à l’auteur non d’une œuvre mais d’un vertigineux incipit :
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »

Je viens de relire ses « Essais quasi politiques » et certains de ses textes sur l’histoire. Sous le lien que voici, vous trouverez les extraits que j’en garde. Je vous les recommande.

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Victor Hugo, discours du 17 juillet 1851 (texte intégral)

Victor Hugo entre dans la postérité par ce discours à l’Assemblée nationale législative le 17 juillet 1851 : avec son « Détruire la misère », du 9 juillet 1849, c’est l’épithalame des noces du peuple et de la république.
Il comporte, comme il l’avoue lui-même, des « fautes de tribune » mais elles seront bientôt emportées par le coup d’Etat du 2 décembre 1852, l’exil, la parution des Misérables, la guerre de 1870, la chute de l’Empire, l’avènement de la III° République et le retour en France trop tard pour obtenir la présidence à laquelle il avait aspiré pour 1852, mais la gloire tout de même, de poète national, avec son grand train d’obsèques solennelles suivies de l’entrée au Panthéon, dix jours après sa mort. La République encore jeune (c’était en 1885), et fragile encore, se célébrait en celui qui l’avait célébrée à sa dernière occurrence, annoblie de ses mots et longtemps attendue. Continuer la lecture de « Victor Hugo, discours du 17 juillet 1851 (texte intégral) »

Les Amis de la Paix 6 – Résolutions finales

Les conclusions du Congrès des Amis de la Paix qui se tint en août 1849 à Paris furent honorées dans la presse. Comme ils le souhaitaient, ses représentants furent reçus par le Président de la Deuxième République depuis le 20 décembre 1848 : Charles Louis-Napoléon Bonaparte.
Son mandat était de quatre ans et il n’était pas rééligible. Victor Hugo avait donc soutenu sa candidature à l’élection présidentielle d’autant que Lamartine, l’autre gand poète du moment, était candidat lui aussi.

Hugo comptait, quant à lui, se présenter  à la fin du mandat, en 1852. D’où ses engagements ostensiblement républicains, populaires (on dirait aujourd’hui « populistes ») et pacifistes.
Le Prince-Président fut plus rapide. Continuer la lecture de « Les Amis de la Paix 6 – Résolutions finales »

Les Amis de la Paix 5 – Le libre-échange

Le Congrès des Amis de la Paix Universelle qui se tint à Paris en 1849 fit naturellement la part belle à l’idée de libre-échange. Ne contribuait-elle pas directement à l’amitié entre les peuples ? surtout quand cela se fait avec l’Angleterre, nation commerçante s’il en est.
Richard Cobden (1804-1865), industriel et homme d’État britannique, en est cette année-là le héraut, avec Fédéric Bastiat (1801-1850) qui passe alors pour l’un de ses émules.
Il est vrai que l’admirable Cobden venait d’obtenir l’abolition des Corn Laws protectionnistes et qu’il oeuvrait au rapprochement avec la France. L’Angleterre était aussi industrieuse que la France agricole. Ces deux nations étaient donc complémentaires, ce qu’on voyait d’autant mieux que, dans les deux pays, la bourgeoisie d’affaires supplantait peu à peu l’aristocratie terrienne.
L’anglophile Louis-Napoléon Bonaparte comprenait cela, d’où la signature en 1860 du traité de commerce franco-britannique de libre-échange sur les matières premières et les principaux produits alimentaires, dont Cobden avait été si longtemps l’artisan.

Ne nous trompons pas cependant sur la principale motivation de « Napoléon le Petit« . Continuer la lecture de « Les Amis de la Paix 5 – Le libre-échange »

Les Amis de la Paix 3 – Désarmer pour FAIRE la paix

Toutes les questions (et à peu près toutes les solutions) liées au désarmement furent explorées au cours du Congrès international des Amis de la Paix universelle réuni à Paris en 1849. Nous savons leur peu d’effet.

Ce rêve remonte à loin. Citons par exemple canon 39 du Deuxième concile de Latran (1139) : « Nous défendons sous peine d’anathème que cet art meurtrier et haï de Dieu qui est celui des arbalétriers et des archers soit exercé à l’avenir contre des chrétiens et des catholiques ».
Ce qui mettra fin à l’arbalète comme arme de guerre, c’est l’arme à feu !

Autre exemple…
L’interdiction des tournois (canon 14) sous peine de se voir refuser la sépulture chrétienne n’a pas eu plus d’effet. Si la pratique a disparu, c’est trois siècles plus tard en France parce que le roi Henri II de Valois mourut en 1559 des suites de la joute qu’il avait organisée pour célébrer la paix de Cateau-Cambrésis. Il entendait montrer qu’il avait toujours « bon ceur » (à se battre) alors que le traité qu’il venait de signer mettait fin de ses ambitions italiennes. Cette réconciliation entre la France et l’Espagne ne fit évidemment qu’armer le ressort conflictuel qui conduit un siècle et demi après au « Grand Dessein » d’Henri IV. Continuer la lecture de « Les Amis de la Paix 3 – Désarmer pour FAIRE la paix »

Le Grand Dessein d’Henri IV

Si la guerre est affaire d’État, la paix l’est également. Mais cette paix, comment la faire alors, si ce n’est par la guerre ?
Ce paradoxe est illustré par le Grand Dessein d’Henri IV, tel que nous le rapporte Sully au dernier Livre (XXX) de ses Mémoires.

On y découvre qu’Henri-le-Grand « voulait rendre la France éternellement heureuse ; et comme elle ne peut goûter cette parfaite félicité, qu’en un sens toute l’Europe ne la partage avec elle, c’était le bien de toute la Chrétienté qu’il voulait faire, et d’une manière si solide, que rien à l’avenir ne fut capable d’en ébranler les fondements ».

Beau projet mais, pour y parvenir, le bon roi imaginait de coaliser les armées de toute l’Europe (270 000 hommes d’infanterie, 50 000 de cavalerie, 100 canons, et 120 vaisseaux ou galères) contre la maison d’Autriche, le grand-duc de Moscovie et le sultan de Turquie ! Continuer la lecture de « Le Grand Dessein d’Henri IV »

La nouvelle Marianne ?

Elle ne porte pas le bonnet phrygien, mais ne personnifie-t-elle pas la devise républicaine : « Liberté, Égalité, Fraternité » ? Cette jolie jeune fille était hier, dans les jardins de l’Élysée, dans la cohorte des Clubs de foot invités au Palais.

Joyeuse célébration…
de la France inclusive et de la vie associative,
du vierge, du vivace et du bel aujourd’hui…

Bien des espoirs sont en lui
et cette grande question venue d’hier et d’avant-hier :
ce vierge, ce vivace et ce bel aujourd’hui
va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre ? Continuer la lecture de « La nouvelle Marianne ? »