À l’Ouest déjà, on prépare la partition de l’Ukraine

L’Ukraine est ruinée mais sa partition n’était jusque-là qu’un scénario plausible. Or la situation a changé. Cette évidence règle désormais le comportement de toutes les parties concernées.

Il est trop tôt pour qu’elles en conviennent : elles peuvent encore gagner ou/et perdre quelque chose dans les négociations à venir. Ce sera l’enjeu des prochains combats et des postures qu’on médiatisera pour l’histoire.
« Des enjeux« , car ils sont nombreux : les armes, l’énergie, le réseau fluvial, l’accès à la mer Noire, les droits des populations et des églises…

Quoi qu’il en soit…

L’examen des pertes de chaque côté [1], la nature et le calendrier d’envoi d’armes à Kiev, annoncent clairement le résultat de la première phase de la guerre ukrainienne : la partition de ce qu’hier on appelait l’Ukraine.

[1] Voyez ici le « Bilan des pertes de guerre Russie / OTAN en Ukraine » réalisé par le général Dominique Delawarde…

Les prétendus « alliés » de l’OTAN en ont pris leur parti : les aides qu’ils promettent aujourd’hui ne visent pas « la victoire » invoquée (la récupération par Kiev des territoires déjà perdus ou toujours revendiqués par la Fédération de Russie) mais seulement la survie d’une « Ukraine de l’Ouest » dont Kiev serait, nominalement au moins, la capitale, face à une extension durable de la partie russe à l’Est et au Sud.

On connaît ce schéma

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Objection de conscience, un droit européen ?

Pas partout !

Voici, au 27 mai 2021, les pays qui s’y opposent…

Quant à ceux qui déclarent respecter ce droit, le font-ils pleinement et sans hypocrisie ?

J’ai des doutes.

Ce n’est là qu’une des contradictions de nos prétentions à la paix.

The world energy war in Ukraine

At war, on the ground…

… in the distance, you can guess who you are aiming at and, up close, you see your co-defenders, but to tell the truth, winning or losing? You can’t say from the ground.
By satellite during the day, you just see grey and smoke, but at night, black and fire appear within the shining frantic permutations of a long snake of fire.

When you talk about good guys and bad guys, you are just keeping score. It does not help, and deducing trajectories from local points is pure nonsense. There are no more good maps, but then…

In Ukraine, who is fighting whom and why?

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Vœux Macron 2023 : d’inimaginables mensonges

« Qui aurait imaginé à cet instant, que, pensant sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire, nous aurions à affronter en quelques semaines, d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie ; des dizaines,  peut-être des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, une effroyable crise  énergétique, une crise alimentaire menaçante, l’invocation des pires menaces, y compris nucléaires ? Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »

Enregistrement des vœux 2023 d’Emmanuel Macron ( de 1’56’’ à 2’34’’)

Source vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=KwxVWvqlsio
Transcription : https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/12/31/voeux-2023-aux-francais

Inimaginables mensonges

Ces « inimaginables défis », listés en une minute et demie, sont surtout d’« inimaginables mensonges ».

Pourquoi ? Parce qu’ils sont directement contraires à des faits aujourd’hui connus de tous.
Et pourquoi les relever ? Parce qu’ils sont criminels.

Le retour de la guerre sur le sol européen est criminel, cela va de soi, mais était-il inimaginable par les dirigeants et, particulièrement, par le président français ?
Absolument pas !

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Donne à chacun sa part…

Ballade de Boulat Okoudjava, interprétée par Régina Spektor.

À mes correspondants russophones, quelle que soit la nationalité dont on les affuble aujourd’hui et au nom de laquelle on les combat…

Chers tous,

Pour une fois dans votre langue, je découvre cette complainte de Boulat Okoudjava, que vous connaissez sûrement : elle existe sur Internet depuis au moins sept ans. Elle m’avait déjà été relayée dans le passé, à un moment où je n’avais pas pris le temps de m’y arrêter. [Merci à Pierre Cohen-Bacrie de me l’avoir redécouverte aujourd’hui].

Par la même occasion, je découvre l’existence de ce Boulat Okoudjava dont le douloureux et intelligent parcours me touche, et dont on me dit qu’il fut l’un des inspirateurs de Vladimir Vyssotski, le seul « barde » russe dont je connaisse déjà l’existence par le biais de la belle Marina Vlady.

L’original chanté par Boulat Okoudjava (mort en 1997, il l’avait sans doute enregistré en 1967 dans les studios du Chant du Monde) me prend moins que la version ci-dessus interprétée par Régina Spektor.

J’y entends bien sûr toutes les misères du monde, à commencer par celles de l’ensemble russe, puis soviétique, ensuite « perestroïké » et désormais « poutinisé », soit tout l’Est européen, Ukraine comprise.

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11 novembre 2022, un jour propice pour déclarer la paix

La guerre d’Ukraine a trop duré.
Ce 11 novembre est un jour propice pour déclarer la paix.
Comprenez-vous que c’est possible ?

Les États-Unis le savent

Le général Mark Milley, leur chef d’état-major, vient de le leur annoncer :
« Il doit y avoir une reconnaissance mutuelle que la victoire militaire n’est probablement pas, au sens propre du terme, réalisable par des moyens militaires. Il faut donc se tourner vers d’autres moyens. Une occasion s’ouvre à la négociation. »

Le pays lui-même est dans une situation similaire : en politique intérieure, les élections de mi-mandat n’ont donné la victoire à personne et, à l’avant-garde du numérique, deux des entreprises extraordinaires de la dernière décennie (Facebook et Twitter) licencient massivement.

Latence aussi pour la Fédération de Russie

qui vient d’abandonner Kherson pour se replier sur la rive orientale du Dniepr en préparation de la guerre d’hiver ou en attente de pourparlers sérieux.

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Des erreurs de la France et l’Europe sur l’Ukraine

La chaine YouTube TROUBLE FAIT que je découvre (alors qu’elle existe depuis 2015) est excellente. Clarté d’esprit et d’exposé, organisation des arguments, pertinence des illustrations et des chiffres, légèreté du ton et fermeté des idées, tout y est.

Il y a un gros travail derrière, sérieux et vérifiable : le lien PLUS en-dessous de chaque vidéo donne accès à une « table des séquences » et à des liens vers les « sources », ce qui permet de sélectionner les séquences et arguments qu’on veut examiner en détail.

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À quelque chose, bévue est bonne ? oui mais à quoi ?

Dans un discours international en tant que Chef d’État, Biden a proclamé son « indignation morale ».

Cela n’aurait de sens que dans un rapport entre personnes libres de mettre de fin à leur relation.

Un tel accès de moralisme est donc hors de propos.

Un dérapage ?

Il y a là un « dérapage » analogue à celui de De Gaulle à Montréal en 1967 (« Vive le Québec libre ! »). Les naïfs mirent cette bévue au compte de la fatigue et l’âge du général (77 ans).

La comparaison est donc parfaite avec celle de Joe Biden en 2022.

Dans les deux cas, un chef d’État étranger proclame qu’on « assiste ici à l’avènement d’un peuple qui dans tous les domaines veut disposer de lui-même et prendre en main ses destinées. » » (Charles De Gaulle, Québec, le 23 juillet 1967). Quant à Joe Biden, alors que la Russie est en guerre contre l’Ukraine qu’il soutient, à Varsovie, capitale d’une Pologne qui a des frontières communes avec l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie (par Kaliningrad), il déclare que « Pour l’amour de Dieu, cet homme (Vladimir Poutine) ne peut pas rester au pouvoir ! ».

Dans les deux cas…

Ces présidents jouent consciemment des résonances de l’histoire…

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Ukraine – Jeux pervers

Sous la présidence d’Emmanuel Macron, et cette malencontreuse présidence de l’Union européenne dont il n’a su s’abstenir [1], nous voici embarqués dans un jeu débile pour adolescents risque-tout.

[1] La proximité des élections présidentielles françaises l’y invitait. Cette décision prise, la guerre changea la donne. Requis de parler pour toute l’Europe qui est l’otage des États-Unis, il a été empêché de parler spécifiquement pour la France.

Oublieux de notre propre fragilité, nous avons déclaré une guerre économique dont nous sortirons par des faillites en cascade et des vies ruinées bien au-delà de ce qui s’est passé en 2008.

Ensuite, renouvelant les enchevêtrements d’alliance qui ont conduit aux deux guerres mondiales, nous sommes devenus de fait des co-belligérants. Avec de l’aide humanitaire et des livraisons d’armes à l’Ukraine, sous prétexte d’aider sa courageuse résistance, nous prolongeons le supplice de ce pays déjà pauvre et déchiré avant cette guerre. Il n’en restera demain que des ruines.

« Bon calcul, diront les cyniques, pourvu que ça reste chez eux ! ».

Ainsi pensons-nous « à l’Ouest », surtout si c’est outre-Atlantique.

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Zelensky a cassé son vélo… et l’Ukraine

Yuval Noah Harari se réjouissait le 28 février que Poutine ait, disait-il, « perdu sa guerre »

Le 1er mars, Bruno Le Maire déclarait que la France et l’Union européenne allaient « livrer une guerre économique et financière totale à la Russie », dans l’objectif assumé de « provoquer l’effondrement de l’économie russe ».
Qu’il soit revenu en arrière depuis en parlant diplomatiquement de « stratégie de désescalade », devrait sauver sa carrière mais ne trompera personne.

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Dans une guerre, tous les combattants sont des perdants (dans celle-ci, même si elle se termine vite et « bien », ce sera la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, les pays limitrophes, l’Europe) mais pas ceux qui les actionnent de loin.

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Les USA ont tout ce qu’il faut pour prévaloir mais, relativement, ils pèsent moins

Les dépenses d’armement des USA impressionnent mais, par rapport au reste du monde, elles baissent (80% en 1949, 65% en 1959, 62% en 1969, 38% en 1979, 35% en 1989, 39% en 1999, avec un pic à 44% en 2002-2006, et 36% en 2017) alors que, depuis 30 ans, leur part dans la production (ou la captation) de richesses stationne aux alentours de 25%

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